#CamPuS19 – Le discours d’Olivier Faure

#CamPuS19 – Le discours d’Olivier Faure

(Seul le prononcé fait foi)

Monsieur le Maire, cher Jean-François,

Monsieur le Président de la FNESR, cher François,

Chers amis, mes chers camarades,

Quel immense plaisir de vous retrouver ici, à la Rochelle, après des années d’absence !

Cela faisait longtemps. Trop longtemps. C’est une joie, d’être parmi vous, être l’un d’entre vous, pris par cette atmosphère de travail commun. Merci d’être là ! Merci de votre fidélité, de votre amitié !

Merci particulier à celles et ceux qui ont permis ce rendez-vous, les permanents, bien sûr, merci à Maxime des Gayets qui a conçu l’événement en lien avec les secrétaires nationaux et sous la coordination de Corinne Narassiguin.

Merci aux bénévoles de Charente-Maritime qui ont sacrifié comme chaque fois une part de leurs vacances pour nous permettre d’être ici. Merci aux militants du service d’ordre,toujours là, dans une abnégation qui mérite notre plus totale gratitude.

Merci au formidable réseau des formateurs.

Merci, grand merci aux think tanks qui nous ont accompagné, à tous nos intervenants qui sont venus avec leur expertise, leur expérience, leur engagement, nous aider à défricher les débats d’aujourd’hui et de demain.

Merci à celles et ceux qui, membres de toutes les formations politiques de la gauche et de l’écologie, nous ont fait l’amitié de venir échanger avec nous.

Je veux à ce titre adresser un salut particulier à ceux avec qui nous cheminons depuis les élections européennes.

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Chers camarades,

« On a perdu le combat contre le changement climatique »… 

Je vous rassure, ce n’est pas moi qui parle. C’est Yann Arthus Bertrand.

Eh bien si nous sommes ici, c’est justement parce que nous pensons que l’effondrement n’est pas inéluctable. Nous refusons de céder à l’inacceptable. Nous refusons toute forme de fatalisme qui conduirait à la paralysie.

Je comprends la peur qui saisit Yann Arthus Bertrand quand il observe les flammes qui ravagent la forêt amazonienne, les glaces de l’Arctique qui fondent.

Je veux lui dire, comme aux écologistes, que la réponse à la bataille climatique, c’est la définition d’un nouveau modèle démocratique et social fondamentalement juste et impérativement durable.

Nous n’avons plus le temps de nous égarer dans des concepts et des batailles sémantiques.

Il faut répondre aux situations concrètes : 

Celle de l’agriculteur qui ne sait pas comment, tout à la fois, lutter contre la baisse de ses rendements liés à la sécheresse, et qui va devoir se passer de ses pesticides pour combattre les parasites qui menacent ses récoltes.

Celle de ce salarié des Fonderies du Poitou qui fabrique des carters pour moteurs Diesel qui subit un plan social du fait de l’affaissement de la demande.

C’est ce Gardois qui a perdu sa maison après une inondation.

Celle de cette petite fille asthmatique qui vit bloquée entre usines et périphérique dans un logement mal isolé et humide.

C’est ce Tchadien qui a fui la famine.

Ces situations concrètes, je pourrais les multiplier. Ce sont mes rencontres. Sans doute les vôtres aussi.

Qu’ont-elles de commun ?

Elles lient les questions sociales et écologiques.

Qu’ont-elles de commun ?

L’exploitation des hommes, comme de leurs ressources, pour gonfler les profits qui forment un tout cohérent.

Tout est lié !

Et ce serait une erreur tragique de traiter isolément ces questions ou de les opposer !

Ce n’est pas un hasard si c’est une première ministre social-démocrate, Gro Harlem Bruntland, qui fut la première à donner une définition du développement durable fondée sur trois piliers : économique, écologique et social.

Le combat pour le climat, contre les monopoles, contre les inégalités, contre la confiscation du pouvoir par quelques-uns ne s’opposent pas. Ils se rejoignent.

Les inégalités climatiques renforcent les inégalités sociales.

Les pays, les régions, les quartiers qui ont le plus à craindre du réchauffement climatique sont aussi les plus pauvres.

Les êtres humains les plus exposés à la malbouffe, aux périls sanitaires, à l’exposition aux matières dangereuses se recrutent d’abord dans les classes laborieuses.

C’est l’exploitation/prédation de nos milieux naturels qui conduit à de nouvelles inégalités, à de nouvelles souffrances, qui dégradent la vie des plus fragiles et les privent de leur dignité.

C’est le développement de géants industriels, plus puissants que les États, qui imposent aujourd’hui leur loi contre l’intérêt général et la préservation de nos biens communs.

C’est tout le sens de ce Campus « Pour un avenir écologique et social ». Deux termes côte à côte pour rappeler que l’écologie, pour être viable, doit être sociale, et que la société, pour être durable, doit être écologique. 

Nous devons faire entendre une autre voix.

L’enjeu, c’est de sortir du piège croissance/décroissance, c’est de défendre une alternative qui protège les biens communs inaliénables et redéfinir ce qui a du sens pour la qualité de la vie humaine.

Le chemin, il est là ! 

Il est difficile. Il va se heurter, il se heurte à des puissances financières, à des intérêts nationaux, à des habitudes, à des logiques égoïstes.

Ils sont prêts à tout, y compris nier la science, les évidences pour maintenir leur place, leur pouvoir et leurs profits. 

Le maintien de l’opinion mondiale dans l’ignorance des enjeux environnementaux est devenu un enjeu pour ces puissants qui ont, eux, bien anticipé que la question climatique, le respect de la biodiversité, sont devenus, à côté de la question sociale, un levier pour contester l’idéologie libre-échangiste. 

Et c’est bien là que se rejoignent les combats de la social-démocratie et de l’écologie politique ! 

Avec qui partager ces combats ?

Sont-ils l’exclusivité de la gauche ?

Que ce camp-là puisse s’élargir à d’autres, je n’en disconviens pas. Il y a une prise de conscience qui, de travaux du GIEC en débats sur le CETA ou le traité MERCOSUR, peut favoriser les prises de conscience ponctuelles et parfois même susciter des conversions.

Dans ces combats-là, personne ne sera jamais de trop.

Mais ne nous leurrons pas. Ce sont les paroles fortes de Nicolas Hulot lors de l’annonce de sa démission : « On s’évertue à entretenir un modèle économique, cause de tous ces désordres climatiques »Le libéralisme économique est toxique. Pour les hommes comme pour la planète.

Le « ni de gauche ni de droite » est une mascarade. Celle du renoncement à la transformation du système. Le refus de toute conflictualité pour échapper au débat contradictoire et abandonner à leur cours naturel les affaires du monde.

L’écologie n’échappe pas au clivage gauche-droite. Il y a une écologie progressiste qui a ancré ses combats dans l’histoire de la gauche, qui ont leurs pendants à droite et à l’extrême droite. Cette écologie-là revendique un retour à un ordre naturel. Une écologie conservatrice refusant la modernité. Une écologie réactionnaire voulant ramener la famille à sa vérité biologique. Une écologie du repli qui assimile les circuits courts à une nouvelle forme de fermeture des frontières. Une écologie qui préfère la nature aux hommes.

Ainsi la réaffirmation du clivage gauche-droite n’est pas un fétichisme hérité de la Révolution française, ou d’un sectarisme hors d’âge, mais l’expression du souffle de la démocratie. 

Depuis 1789, à la gauche du trône, siègent ceux qui continuent de combattre les privilèges, et veulent aujourd’hui refonder l’économie de marché en y intégrant l’impératif écologique, le bien-être humain, les droits des citoyens et des salariés… 

Voilà ce que nous devons partager. Pas de transformation sociale ni de nouvel ordre écologique sans maîtrise des forces du marché. Sans maîtrise collective des choix, le progrès technique est livré aux injustices du capitalisme et aux impasses du productivisme.

En ce moment même, la France reçoit un sommet du G7 convoqué autour du thème de la réduction des inégalités.

Sommet de l’hypocrisie lorsqu’on sait que, dans les pays les plus riches, le nombre de pauvres n’a cessé de croître

Sommet de l’hypocrisie si l’opposition au traité MERCOSUR n’était qu’une suspension.

Sommet de l’hypocrisie si l’opposition à ce traité de libre-échange n’avait pas pour effet d’interrompre les autres discussions, par exemple avec la Nouvelle-Zélande.

Sommet de l’hypocrisie parce qu’il a fallu que la forêt brûle comme jamais pour que la réaction vienne, alors que chacun sait ici que la déforestation est le fait de paysans, d’éleveurs qui cherchent de nouveaux terrains pour développer l’agriculture et l’élevage destinés à l’export.

Sommet de l’hypocrisie si la multiplication des feux n’avait pas pour effet d’exiger l’interdiction de toute production qui puisse déstabiliser l’équilibre de la forêt amazonienne,

Sommet de l’hypocrisie lorsque l’on affirme partager les valeurs démocratiques de tous les pays du G7 sans dénoncer les troubles démocratiques qui touchent les grandes puissances de ce monde comme c’est le cas à Hong Kong.

Sommet de l’hypocrisie quand le thème central d’un G7 est la réduction des inégalités alors qu’Emmanuel Macron ne cesse de les accroître dans son propre pays.

Il a augmenté les impôts du plus grand nombre et multiplié les cadeaux fiscaux aux plus riches : flat tax, exit tax, suppression de l’ISF, ce pognon de dingue… qui devait ruisseler…

Le résultat, chacun le connaît désormais :

La France des grands actionnaires bat un record d’Europe et du monde, celui des versements de dividendes !

Les grandes fortunes investissent 70 % de moins dans les PME.

Jamais les écarts de revenus n’ont été aussi importants.

Ça ne ruisselle pas, ça s’évapore !

Et remettons les pendules à l’heure, puisque les libéraux parlent de fiscalité confiscatoire, moi je vais vous dire ce qui est confiscatoire : cet argent que l’on ne prélève pas, on le confisque aux usagers des services d’urgence comme des EHPAD, aux plus fragiles, aux retraités, aux bénéficiaires des APL. On le confisque aux emplois aidés, aux associations, aux enseignants, aux policiers, au soutien de la filière agro-écologique, à l’enseignement supérieur, à la recherche, à la culture…

C’est une véritable razzia sur les services publics et les finances sociales.

Et l’on apprend maintenant que la réforme des retraites va être l’occasion d’un hold-up sur les régimes complémentaires !

Ce que nous devons mettre dans le débat, c’est une autre manière d’appréhender la répartition des richesses de notre planète, c’est une autre manière de considérer le rapport à notre environnement, c’est une autre manière d’impliquer les femmes et les hommes dans les décisions qui les concernent.

C’est la seule façon de lutter véritablement contre le réchauffement climatique, de lutter contre les inégalités, de redonner à chacun les moyens de maîtriser son destin. Tant que ces questions ne seront pas prises en charge, il y aura des paysans pauvres, des éleveurs pauvres pour soutenir dans leur folie des Bolsonaro ou des Trump.

J’ai évoqué l’urgence environnementale, j’ai évoqué le défi social, j’ai évoqué les risques pour la démocratie, j’ai évoqué la crise profonde des valeurs.

L’Union européenne doit retrouver l’élan de ce qui l’a fondée.

Cet été, 150 migrants ont encore trouvé la mort dans leur traversée vers l’espoir. Ces 150-là viennent s’ajouter aux milliers d’autres sans visage, sans identité, sans sépulture, qui ont payé de leur vie leur volonté de survivre.

Le feuilleton des ONG interdites de ports continue. Ce sont les sauveteurs que l’on criminalise, que l’on stigmatise, que l’on passe devant les tribunaux, en les assimilant aux passeurs.

J’ai honte quand je vois que nos États qui comptent 500 millions d’habitants se lancent dans des comptes d’apothicaire pour se répartir dizaine par dizaine les rescapés du See Watch ou de l’Open Arms.

Et nous pouvons être fiers que ce soit un Premier ministre socialiste qui, depuis l’Aquarius, ait chaque fois donné le signal de la solidarité !

La mer Méditerranée est le berceau d’une civilisation, n’en faisons pas un cimetière !

Là encore, l’hypocrisie a assez duré.

La mise en esclavage d’enfants, le viol de leurs mères, la torture de leurs pères, suscitent l’indignation de nos gouvernants.

Mais ce sont les mêmes qui confient la protection de nos frontières méditerranéennes aux garde-côtes libyens qui sont eux-mêmes les pourvoyeurs des esclavagistes.

Et c’est la France qui équipe en navires ces garde-côtes mais refuse l’entrée de ses ports !

Le gouvernement a programmé au Parlement un débat sur l’immigration. Tant mieux !

Ce sera l’occasion de rappeler que 120 000 demandeurs d’asile en 2018 en France, c’est 0,1 % de notre population.

L’occasion de rappeler que la France a accueilli au siècle dernier Italiens, Polonais Arméniens, Tchèques, Slovaques, Serbes, Roumains, Espagnols, Hongrois, Grecs, Algériens, Marocains, Tunisiens, Cambodgiens, Vietnamiens !

Et la France ne s’est pas effacée. Elle s’est renforcée.

Et quand je regarde cette salle, quand je vois vos visages, quand je connais vos noms, combien d’entre vous descendez de cette histoire ?

Et vous êtes là, comme je le suis, fiers de notre pays, prêts à le servir, à valoriser sa culture, son art de vivre, à faire prospérer ses entreprises, participer à l’innovation !

Tous les maires ne s’équivalent pas. Il y a ceux qui mettent à l’abri, sans le secours de l’État, les migrants à la rue. Il y a les présidents de département qui veillent sur les mineurs non accompagnés. Il y a les président.e.s de région qui proposent d’ouvrir leurs ports et ceux qui préfèrent oublier les règles du droit maritime.

Alors ma question est simple, comme on dit à l’Assemblée : « marcheurs, derrière qui marchez-vous ? »

Aux municipales prochaines, moi je sais derrière qui je serai.

Les municipales, c’est bien entendu un scrutin local. Mais local, cela ne veut pas dire dépolitisé.

Ce n’est pas la même chose d’accueillir les migrants ou de les rejeter

Ce n’est pas la même chose d’investir prioritairement dans les quartiers populaires ou de se consacrer principalement à une politique patrimoniale pour préserver le cœur de ville.

Ce n’est pas la même chose d’investir dans le logement pour tous, de développer les logements sociaux ou de favoriser des opérations immobilières et de piétiner les objectifs de la loi SRU.

Être maire, ce n’est pas gérer les affaires courantes, c’est assumer des choix politiques structurants.

  • Vous pensez que l’accès aux soins est une priorité ? Un maire peut ouvrir des maisons de santé ;
  • Vous pensez que la santé alimentaire de nos enfants est capitale ? Un maire peut créer une ferme urbaine et nourrir ses écoliers avec sa production ;
  • Vous pensez que les territoires à énergie positive sont la solution ? Un maire peut développer les éco-quartiers, les mobilités douces, rénover l’habitat pour diminuer leur empreinte énergétique ;
  • Vous pensez que la culture n’est pas seulement un supplément d’âme, mais le meilleur moyen pour que chaque être humain trouve les moyens de s’émanciper de sa condition d’origine, et s’ouvre au monde ? Un maire peut mettre en place les outils d’accès au savoir.

Tout ça, un maire peut le faire. Et c’est même déjà ce que font nos maires.

Le gouvernement appelle à une tarification sociale des cantines, nous le faisons déjà.

On nous appelle à des politiques écologiques dans les villes, ce sont les nôtres qui sont citées dans le monde entier pour leur exemplarité.

On dit parfois de nous que nous sommes un parti municipal. Nous sommes un parti qui sait depuis longtemps que changer la vie, c’est d’abord changer la ville. Nous sommes un parti qui a, depuis toujours, le goût de la proximité, de la vie quotidienne et de la participation citoyenne.

La Rochelle signe notre entrée en campagne. Sarah, André vous ont présenté la charte qui liera tous nos candidats et dont vous aurez à débattre dans les prochains jours.

La Rochelle est un point de départ.

Les travaux que nous avons entamés ne s’interrompront pas.

Au cours des six prochains mois, nous organiserons, sous la responsabilité de Boris Vallaud, trois grands forums qui recouperont les crises sociales, écologiques et démocratiques auxquelles nous avons à faire face.

Nous mettrons des propositions en débat. Avec le monde intellectuel, avec nos partenaires politiques, avec la société civile, qu’elle soit syndicale ou associative.

Je souhaite ces débats communs pour nourrir de nouveaux combats communs.

Il y a un an, ici même, devant nos élus de la FNESR, j’avais appelé à des combats communs. Ces combats communs sont progressivement devenus réalité. Le combat contre la privatisation d’ADP en est la plus emblématique illustration. Nos groupes parlementaires travaillent quotidiennement à des convergences sur tous les projets gouvernementaux. C’est le chemin.

C’est le seul. C’est le seul pour répondre à ces situations concrètes, à ces citoyens dont je vous parlais en introduisant mon propos. 

Ils ne partagent pas que des angoisses, ils partagent aussi le sentiment que plus aucun parti n’est capable d’y répondre. 

À qui confier son avenir ?

Avant-hier, les socialistes dominaient le camp progressiste. Hier les insoumis, aujourd’hui les écologistes, pensent avoir acquis le talisman d’une victoire sans partage. La vérité est plus cruelle pour chacun. Aucune offre,prise séparément, n’est aujourd’hui en mesure de s’imposer, aucune ambition n’est en mesure de plier toutes les autres.

Et ce n’est pas à un camp fragmenté « façon puzzle » que les Français confieront leur destin.

En revanche, chacune de nos formations détient une part de la solution.

Alors oui, je veux que nous ouvrions – avec d’autres, et d’abord avec les Français eux-mêmes – la redéfinition d’un camp capable de gouverner et de transformer la société dans laquelle nous vivons. 

Il y aura des débats, des frictions, des contradictions. C’est notre code génétique commun. Mais notre ADN, c’est d’abord la défense de la dignité humaine. L’émancipation individuelle et collective. Et cela suppose de la part de chacun d’entre nous une intégrité, une responsabilité, une honnêteté qui doivent épuiser les égoïsmes partisans pour trouver de nouvelles solutions.

Chacun a ses états de service. Et s’agissant des nôtres, nous n’avons pas à rougir.

Où sont-elles ces contrées merveilleuses où les gouvernants ont plus fait pour le modèle social, le développement des libertés publiques, l’approfondissement démocratique, la défense de l’environnement ? Quelle autre force que la nôtre a contraint le capitalisme à épargner dans la richesse produite une part destinée à la protection sociale, aux biens publics, à l’intérêt général ?

Cela ne nous exonère pas de ce que nous avons mal fait, ou pas fait, ou renoncé à faire. C’est pourquoi nous avons eu le courage de faire notre propre inventaire.

Mais maintenant, il faut avancer !

En creux, nous savons tous ce que nous devons éviter.

Le danger, c’est de laisser le débat politique monopolisé par un face à face entre libéralisme sans entraves et nationalisme sans complexes. 

Ils incarnent deux impasses dans lesquelles le monde peut basculer.

Les tenants de la globalisation ne nous ont pas ouvert au monde et à sa diversité, mais ont progressivement imposé une vision unique, exclusive. Ils ont dérégulé nos sociétés, fait sauter les protections, les attachements, les solidarités.

Le mépris affiché des premiers de la cordée mondiale pour les archaïques, les illettrés de la globalisation, les réfractaires, a renvoyé les perdants, les inquiets, les oubliés dans les bras des tenants du repli ethnique.

Les populistes sablent désormais le champagne de leurs victoires. En Pologne, en Hongrie, en Autriche, en Italie, au Brésil, en Grande-Bretagne et bien sûr aux États-Unis.

« Make America great again »… Oui, mais contre le reste du monde !

Une muraille pour les migrants. Le retrait du traité de désarmement sur les missiles à portée intermédiaire. Un bras d’honneur aux accords de Paris de 2015.

Le président de ce pays pourtant constitué de descendants de migrants, qui n’a cessé de chercher à imposer sa vision du monde, signifie, décision après décision, j’allais dire tweet après tweet, qu’il ne s’imagine pas d’avenir commun avec le reste de la planète !

Chacun comprend le piège ouvert sous nos pas. Celui de ces deux camps alternatifs qui se nourrissent l’un de l’autre :

Le camp de l’argent joue sur la terreur du camp de la peur, et le camp de la peur joue sur le mépris du camp de l’argent. 

La crise politique que nous connaissons est en grande partie liée à ce sentiment qu’aucune offre ne porte aujourd’hui de solution alternative à ces deux faces d’une même médaille. 

C’est pourquoi nous devons être unitaires pour deux, pour trois, pour tous. Parce que la division conduit irrémédiablement à l’échec.

Parce que la division, en 2002 comme en 2017, a produit les mêmes conséquences : l’absence d’un candidat de gauche au second tour de l’élection présidentielle.

J’entends parfois dans nos rangs évoquer un risque d’effacement. Mais l’effacement, il a eu lieu. Et c’est pourquoi nous portons le projet de notre renaissance.

L’effacement, ce n’est pas seulement le nôtre qui est en jeu. L’effacement, c’est celui de toute la gauche et l’écologie.

Le risque, c’est celui de notre impuissance collective à changer le monde. Le risque, c’est celui d’une forme de normalisation à l’américaine qui verrait alterner au pouvoir des libéraux avec des populistes. Et il en serait terminé de l’exception européenne. De ce modèle que nous avons, nous socialistes, sociaux-démocrates, travaillistes, porté pendant plus d’un demi-siècle.

De quoi avons nous peur ? Notre histoire à l’aube du XXsiècle est née au congrès du Globe.

Elle fut celle de la rencontre de courants du monde ouvrier qui s’étaient opposés avant de se réunir. Et c’est eux qui ont creusé ce sillon qui a permis durant un siècle de changer la vie.

Quelle que soit la forme de ce futur rassemblement, le chemin il est là.

Soyez fier de ce que nous sommes et ouverts à ce que portent les autres.

Ni effacement ni isolement, ouvrez la voie du rassemblement !

Et que chacun se le dise, le temps de la morosité n’est plus de saison.

Dès aujourd’hui, avec nos maires, nos adjoints, nos conseillers municipaux, nous repartons au combat !